Edito 2018

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« chacun devrait y trouver sa part de joie, de découvertes et de petites lueurs de sens et de lumière à emporter »

Quels que soient leurs ancrages ou leurs croyances, les civilisations cultivent l’art de raconter. Si la Bible attribue la Création à la parole, ou au verbe, c’est par sa mise en récit que la Création invite l’homme à la respecter en se respectant, à en prendre la responsabilité en s’élevant, à s’assumer en l’assumant, à tenter de la comprendre afin de mieux se comprendre, à s’y impliquer pour y construire sa place d’homme, et sans doute aussi à l’aimer, en soi et dans les autres.

Concerts, danse, films, expositions, colloque, conférences, contes, rencontres, le programme 2018 des JECJ-Lorraine décline, dans le temps et dans la diversité des formes et des propositions,l’art de raconter.  Dense, étalée sur quatre mois, d’août à décembre, la programmation s’adresse à tous les publics, chacun devrait y trouver sa part de joie, de découvertes et de petites lueurs de sens et de lumière à emporter.

« autant de voies ouvertes, offertes aux découvertes, aux échanges et aux partages« 

La beauté et la spiritualité de l’exposition Benharrouche, la force de l’exposition Celnikier, les interrogations sans fin auxquelles nous appelle l’exposition Shoah BD, s’adressent à toutes les intelligences et à toutes les sensibilités. Né dans nos contrées, le Yiddish vibrera et revivra par le théâtre, les contes et les concerts, dont celui de Michèle Tauber, de laChorale Chalomet de l’admirable Projet Sutzkever. L’enchantement de Works, œuvre du chorégraphe israélien Emmanuel Gat, prendra d’autres couleurs dans les Contes de la nuit, et des formes inouïes dans L’Abracadabra, de l’auteure et conteuse Muriel Bloch. Le concert Confluencesnous permettra de savourer les influences des langues et des musiques enamourées. Avec la sociologue Nathalie Heinichnous aborderons l’histoire nationale d’une manière particulièrement originale. Gérard Rabinovichnous fera réfléchir, Sabyl Ghoussoubnous fera rire, et vice-versa, tandis que Laurent Varinet Philippe Forte-Rytter, nous feront rêver. L’hommage à AharonAppelfeld, écrivain magistral et citoyen d’honneur de la ville de Metz, décédé en 2018, précédera deux autres manifestations, autour des Schwartz-Bart,prestigieusement liées à la mémoire messine. Auteure, épouse et complice, Simone Schwartz-Bartrelatera leur commun combat contre le racisme et l’ignorance, tandis que Jacques, le fils, fera résonner un héritage superbement revisité avec son Hazzan Jazz Quartet. Du West Side Story, revu par les formidables sœurs Labèqueau génie musical des Wonder Rabbisdu clarinettiste YOM, de Menahem Mendel le rêveur, personnage de Sholem Aleichem, au Petit Prince,en yiddish surtitré et en musique, en passant par le beau texte de Bober, Quoi de neuf sur la Guerre ?, mis en scène par Charles Tordjman, les itinéraires constitueront autant de voies ouvertes, offertes aux découvertes, aux échanges et aux partages. Avec les interventions de Jacques Walter, Jacques Sicherman, Philippe Walter, Francis Kochert, Madame Elena Di Pedeet –en invité d’honneur-le Rabbin et philosophe Marc-Alain Ouaknin, le colloque annuel viendra clore en beauté cette saison artistique et culturelleautour du sens de « Raconter… ».

« l’art subtil de lier le plaisir à la cohérence du sens »

Au partenariat annuel avec l’Académie Nationale de Metz s’ajoutent cette année de nombreux autres, qui nous réjouissent par leur diversité et d’avantage encore par la grande qualité des partenaires et par ce que ces synergies disent de la vitalité et de la volonté bien orientée de tous. Qui aurait osé aborder ce thème sans le concours des Bibliothèques Médiathèques, sans les librairies de notre ville, sans les éditeurs, auteurs, producteurs et autres précieux médiateurs ?  Que tous, cités ou non, soient assurés de notre gratitude !

Animées par l’espoir d’une fraternité républicaine à construire au moyen de la connaissance, à partir du quotidien et de la proximité sociale, les JECJ-Lorraine s’efforcent de relever le pari de l’avenir et de la vie. En dépit de la montée dramatique des effets de l’obscurantisme et du repli, plus de 20 000 personnes ont participé en 2017 aux JECJ en Lorraine. La confiance du ministère de la Culture, des collectivités locales, – et tout particulièrement la ville de Metz –  celle des institutions, associations, ainsi que les mécènes et partenaires, comme la CEGEE, qui soutiennent généreusement nos actions, renforcent notre dynamisme. A la motivation et au dévouement des membres bénévoles, répond l’intérêt du public. Quant aux artistes et intellectuels qui s’associent à notre programmation, on leur doit l’art subtil de lier le plaisir à la cohérence du sens.Que tous soient ici chaleureusement remerciés !

« rappeler les rêves humains communs et les histoires à partager »

A l’heure où les cultures et les civilisations s’embrasent jusqu’aux brisures, l’art de raconter vient opportunément rappeler les rêves humains communs et les histoires à partager. Radicalement différent du Storytellingde la modernité, récupération idéologique ou économique des imaginaires, l’art de Raconter permet à l’homme de cheminer dans la complexité du monde, la sienne et celle des autres. Il place l’expérience humaine à la hauteur de deux injonctions bibliques majeures, celle du Livre de l’Exode 13,8 Tu (le) raconteras à ton fils, pierre angulaire de toute civilisation, qui du monde fait une famille, et l’autre, le She’maqui, en écho, appelle l’homme a écouter. C’est ce à quoi nous nous attacherons, dans l’échange, l’ouverture et le partage, du 27 août au 19 décembre