Samedi 14 novembre

Eloge des PontsPont_Saint-Georges

Grand salon de l’Hôtel de Ville de Metz – 15 novembre 2015 – 9h30 à 12h30 et 14h30 à 18h

9h30  Accueil
10h – 10h30    Allocutions introductives et présentation  du colloque
10h30  Sous la présidence de Monsieur Gérard Nauroy, Président de l’Académie Nationale de Metz
Hommage à Jean-Louis Jolin par Michel Fèvre, ingénieur des travaux publics et géographe, ancien adjoint à l’urbanisme au maire de Metz :
L’architecte, les ponts et la cité
Dans ce colloque qui s’inscrit dans la thématique « ponts et cultures », nul plus que Jean-Louis Jolin n’a sa place, comme architecte, photographe et auteur. Il est en effet à l’origine de bien des ponts, entre la foi et la cité en construisant l’église de la Patrotte, entre la mémoire et la cité avec le musée de la Cour d’Or, entre la technique et la cité avec les bureaux de l’Usine d’Electricité de Metz. Il participe à la mise en œuvre du centre piétonnier de la ville avec l’opération « En Nouvellerue », pont entre deux artères principales de la cité. Et si nous considérons le pont comme ouvrage d’art, il collabore avec l’ingénieur à la construction de plus de six-cents d’entre eux dont une dizaine de viaducs. Enfin il écrit un grand nombre d’ouvrages, de contributions et d’articles dans des revues spécialisées pour présenter ses travaux d’architecte ou d’historien. Il montre à ces occasions, combien ses talents de dessinateur et de photographe sont grands. Son livre, réalisé avec Pierre-Edouard Wagner, « 15 siècles d’urbanisme et d’architecture autour de la cathédrale de Metz » est un monument indispensable pour tout amoureux de notre cité.
Ingénieur des travaux publics et géographe, Michel Fèvre était directeur régional de la formation professionnelle des adultes de Lorraine. De 1971 à 1976, il était adjoint du maire de Metz, Jean Marie Rausch, avec la délégation de l’urbanisme et des services techniques.

Jacques Sicherman, ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées :

Le pont, un symbole ambigü ?
L’idée du «pont», qui est aujourd’hui porteuse d’une image d’union entre les peuples et les cultures, n’a pas toujours été le véhicule de cette symbolique fraternelle. Les ponts sont davantage, dans l’histoire, porteurs d’images militaires,  même si ces ouvrages prennent parfois une signification religieuse, mais qui peut prendre aussi des tournures diaboliques ou infernales. L’époque moderne en a fait l’allégorie de nos aspirations à la paix et à la fraternité entre les hommes, mais, à l’image du pont de Mostar dans l’ex Yougoslavie, ne séparent-ils  pas parfois autant qu’ils rassemblent ?
Ingénieur général honoraire des Ponts, Eaux et Forêts, Jacques Sicherman est ancien élève de l’École Polytechnique dont il est sorti dans le corps des Ingénieurs des Ponts et Chaussées. En charge de grands travaux routiers, puis d’une agence d’urbanisme, il a dirigé des services départementaux puis régionaux de l’Équipement, avant de revenir à Metz pour assumer la responsabilité de l’inspection générale de l’Équipement, puis du ministère du Développement durable et des Transports, pour les trois grandes régions de l’Est de la France. Il a également assumé des responsabilités régionales, nationales et internationales dans le domaine de l’eau.
Il est membre titulaire de l’Académie Nationale de Metz.

Jean-Bernard Lang, docteur en histoire  :
Murs et portes dans l’histoire juive en Lorraine et en France
L’historien a l’immense privilège de relater les événements après-coup et d’analyser ainsi  ces instants charnières où tout bascule, dans un sens ou un autre. Dans l’histoire des juifs de notre région, comprise au sens large du terme, nous pouvons en relever plusieurs, au Moyen-Age, à la Renaissance, à la Révolution, mais à notre époque également, on ne s’en rend pas toujours compte. Peut-on parler de ponts entre la culture chrétienne, dominante, et celle des juifs ? Certainement pas jadis, ou alors ces ponts étaient à sens unique. Nous dirions plutôt des murs, que trouaient parfois des portes, par lesquelles les juifs tentaient, vaille que vaille, d’acquérir un peu plus de libertés. Mais aujourd’hui de véritables ponts existent, caractérisant cette civilisation dite judéo-chrétienne que nous avions tant espérée, mais qui à peine née, est parfois à nouveau menacée.
Jean-Bernard Lang a exercé pendant 34 ans la profession de pharmacien à Metz tout en menant de pair des études d’histoire à Metz puis à la Sorbonne. La retraite venue, il a soutenu sa thèse d’histoire moderne à l’université de Nancy 2. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, historiques ou romans historiques, et de nombreux articles consacrés soit à l’histoire juive mosellane, soit à celle de la justice du XVIIIe siècle dans notre région.
Il est membre titulaire de l’Académie Nationale de Metz.

Pont_des_Roches

 

12h – 12h30  Débat
Pause déjeuner

14h30
Sous la présidence de Madame Désirée Mayer, membre de l’Académie nationale de Metz, présidente des associations JECPJ-France et Journées Européennes de la Culture Juive – Lorraine, JECJ-Lorraine
Jean-Marc Weill, architecte et ingénieur :
Un pont pour la mémoire
L’anneau de la mémoire, ou «mémorial de Notre Dame de Lorette» est construit en élévation sur une grande partie de son développement, et constitue par conséquent un «pont». Le passant est invité à y déambuler pour rendre hommage à tous ceux qui sont tombés dans les combats du front du Nord de la France au cours de la première guerre mondiale, dont les noms sont reproduits sur des panneaux par ordre alphabétique sans distinction de nationalité.
Originaire de Metz, Jean-Marc Weill est à la fois architecte (Nancy) et ingénieur (MS Harvard et Conservatoire des arts et métiers, Paris). Il mène de front une carrière de concepteur et de constructeur, qui l’a conduit à travailler avec de très grandes signatures de l’architecture internationale, et une carrière d’enseignant (Ecole d’architecture de Paris Belleville, Université de Montréal).

Marie-Antoinette Kuhn-Mutter, docteur en histoire des civilisations et histoire de l’Art :
D’un pont à l’autre en peinture  : passage symbolique, passage obligé
Construire un pont, en faire un  élément  architecturé, esthétique,  semble avoir été une préoccupation ancienne et constante de l’homme.  Que le pont  soit une  construction  de pierre, tel qu’il  a existé dès les premiers siècles de notre ère, qu’il soit de bois, de béton, de liane,  fortement ancré au sol, ou  suspendu dans sa légèreté et son apparente fragilité, le pont   dans toute  civilisation répond  à une volonté, à une nécessité de passage.  Passage fonctionnel vers une autre rive, passage empli de notations symboliques et de sous-entendus… passage vers un ailleurs souvent inconnu parfois redouté, un ailleurs  qui donne sens au pont et  au passage qu’il appelle et implique.
Cet ailleurs permet au peintre de nous introduire dans la symbolique  ou l’exigence  du passage.  Pour nous guider, nous en appellerons à  quelques peintres : Van Eyck, Jérôme Bosch, Giorgione, Van Gogh, Monet, Edward  Munch…
Marie-Antoinette Kuhn-Mutter est docteur en Histoire des Civilisations – Histoire de l’Art. On lui doit des ouvrages majeurs sur la Cathédrale de Metz, l’église Saint Vincent de Metz, les vitraux de Jean Cocteau en l’église Saint Maximin de Metz. Auteur de nombreux articles, de communications et  de conférences diverses, Marie-Antoinette Kuhn-Mutter est aussi particulièrement active au sein de l’Université de la Culture permanente de Nancy. Elle est membre titulaire de l’Académie Nationale de Metz.

Jean-Joël Griesbeck, professeur honoraire de littérature comparée à l’Université de Lorraine : Traduction et tradition : de la fidélité au passage
La traduction se heurte, nous dit-on souvent, à l’impossibilité de faire passer des idées conçues dans une langue vers une autre d’un groupe linguistique distinct, dans la mesure où les concepts, à la fois à travers le vocabulaire qui les  porte, et la structure des phrases qui les explicitent, n’y trouvent pas les conditions de leur transposition exacte.
Un examen attentif de l’histoire des langues et de leur développement montre qu’il n’en est rien, car, confrontées à cette situation, les langues, qu’il s’agisse par exemple du latin pour y accueillir la pensée grecque ou de l’arabe pour pouvoir traduire cette même philosophie, ont su se prêter aux évolutions indispensables.
Jean-Joël Griesbeck, ancien élève de l’École Normale Supérieure est un spécialiste reconnu de littérature comparée. Il a dirigé à l’université de Lorraine l’unité d’enseignement sur les mythes et la littérature. Son autre domaine de référence est la musique, il a été l’un des créateurs du département de musicologie de l’Université de Metz, et a longtemps présidé aux destinées de l’Association Lorraine  des Amis de la Musique, connue pour les concerts de musique de chambre qu’elle organisait et pour son chœur réputé.
Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Metz.

R.P. Yves Ledure, professeur émérite de l’Université de Lorraine :
Des ponts et des mots ou destins de rencontres
Il en va des ponts comme des mots. Les uns comme les autres organisent le paysage humain en enjambant les frontières, naturelles ou artificielles. En ce sens ils configurent paysages et discours. En cherchant à rompre les frontières de l’espace et du cœur, mots et ponts traduisent l’effort de l’homme à conjurer ce qui sépare et divise. Véritables vigies de la conscience humaine : l’architecture du pont intériorise  et dilue la tension des rives et pays éloignés ou divisés alors que l’alchimie des mots lisse l’espace littéraire des rencontres comme des divorces. Si le pont ouvre le passage et invite à l’errance, le mot donne corps à la parole qui transcende et ouvre des horizons à l’infini pour dépasser les angoisses existentielles.
Le père Yves Ledure est religieux de l’ordre Dehonien. Il est doyen honoraire de l’Institut Catholique de Paris où il a enseigné pendant plus de vingt ans, et professeur émérite de l’Université de Lorraine. Auteur d’ouvrages de référence, sa réflexion, de type philosophique, tourne autour de questions de religion à partir de la philosophie de Nietzsche.
Il est membre titulaire de l’Académie Nationale de Metz.

16h30   Débat
17h       Conclusions- Réflexions – Ouvertures
17h15   Buffet  offert par la Ville de Metz

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